Le village de Caramany
Nous nous sommes retrouvés près de 30 adhérents à Caramany, petit village
de 150 habitants le Fenouillèdes, Caramany est entouré de terrasses plantées
des vignes. De nos jours le vin de Caramany est réputé. Le village est aussi connu
pour son barrage, le dernier qui ait été construit dans le département.
Nous avons été accueillis par Bernard Caillens, maire du village depuis 2014
qui nous a menés à travers les rues du village pour nous faire découvrir son histoire
depuis l’époque néolithique jusqu’à nos jours.
Caramany a la chance de posséder sur son territoire un ensemble très riche
de vestiges de l'époque néolithique. Il faut dire que de tels vestiges sont fréquents
en Fenouillèdes, les plus visibles étant les fameux dolmens.
Lors des fouilles archéologiques effectuées dans le cadre de la
construction du barrage, 3 habitats du Néolithique, parfois stratifiés du
Néolithique ancien au Néolithique final ont été découverts et fouillés, et surtout
une importante nécropole (Le Camp del Ginèbre) des débuts du Néolithique moyen,
forte de 23 tombes, dont 3, tumulaires, de 7 m de diamètre. Pour la première fois,
des incinérations secondaires mais aussi primaires y sont attestées, faisant de
ce site une importante référence, à l'échelle nationale mais aussi internationale.
De nombreuses prospections pédestres exécutées alentour (hors projet
du barrage) ont amené par la suite, la découverte, en plusieurs points du territoire, de 17 sites allant du Néolithique ancien (5500 av.) au Bronze ancien (2000 av.). La région a été occupée par les celtes et les romains.
C’est à l'arrivée des carolingiens en 811 qu’est instauré le système féodal avec la création de la vicomté de Fenouillèdes avec son château qui a été détruit, et rebâti aux XIIème et XIVème siècles.
L'église paroissiale St Etienne, classée aux monuments historiques, date du XVe siècle. Son clocher
a été construit par en 1848 par les gens du village.
Il possède un maître-autel polychrome en marbre du XVIIème et des fonts baptismaux du
XVIème. Caramany a été rattachée à la Révolution au Roussillon lors de la formation du département
des Pyrénées-Orientales (1790), comme l'ensemble du Fenouillèdes.
Après un excellent repas pris au restaurant « Le Grand rocher », nous avons pu assister à une présentation du barrage du l’Agly par Pierre Serrat, docteur en dynamique fluviale qui nous a détaillé l’histoire de la construction du barrage à partir des éléments hydrologiques du bassin de l’Agly, de ses avantages et de ses contraintes. Nous nous sommes rendus ensuite sur le barrage où Jean-Marie Spagnolo, barragiste nous a présenté son fonctionnement.
Le barrage de Caramany contient 30 millions de m3. Il a été mis en eau la
première fois en novembre 1994. Il mesure 57 mètres de haut et 260 de large.
Du 1er juin au 30 juin il entre dans sa phase de remplissage. Du 1er juillet au
30 septembre, c'est le déstockage et du 1er octobre au 31 mars il est
quasiment vide, prêt pour l'écrêtement d'éventuelles crues.
Son nom officiel est le barrage de l'Agly, et il est construit en fait sur la commune de Cassagnes, et la retenue d'eau est à 10% sur cette commune, et à 90% sur celle de Caramany. En fait, l'appellation "Barrage de Caramany" vient du fait que c'est le village le plus proche, celui duquel on voit le mieux le plan d'eau, c’est un lieu réputé pour la pêche à partir de ses rives, en bateau ou float tube.
Depuis juillet 2015, le barrage assure une production hydroélectrique de 8000 à 10000 kWh équivalente à la consommation électrique de plus de 2000 foyers (hors chauffage) L'eau de la retenue est prélevée au niveau d'une tour et conduite par une galerie de 350 mètres de long vers deux turbines localisées dans un bâtiment au pied du barrage.
La fin de la journée nous a conduits à Ansignan, village en amont de Caramany, pour
découvrir un pont aqueduc sur l’Agly, dont Roger Gardez, vice-président de l’AMOPA 66
nous a présenté l’histoire.
Texte et photographies d'Henri Capell