LE CONCEPTS DE MÉMOIRE
LA MÉMOIRE
Elle permet d’établir une distinction fondamentale entre l’homme et l’animal. La mémoire est une des caractéristiques de l’espèce humaine, le nouveau-né, contrairement à l’animal, ne disposant que d’un patrimoine génétique limité à quelques réflexes biologiques nécessaires à sa survie. Tout le reste qui va constituer sa personnalité propre, il doit l’acquérir par l’éducation et par ses expériences personnelles.
L’animal naît, doté d’un patrimoine génétique (l’inné) qui lui permet d’évoluer dans le cadre étroit de sa spécificité. Il doit rapidement découvrir, par un apprentissage limité, à satisfaire ses besoins lui permettant la survie :
■ Savoir se nourrir (par la tétée pour les mammifères, par la becquée pour les oiseaux, par des aliments de proximité pour
de nombreuses espèces comme les insectes, (certaines araignées devant dévorer leur mère pour survivre).
■ Savoir se tenir debout, marcher et courir en quelques heures pour la plupart des mammifères.
■ Savoir se défendre et attaquer si nécessaire à sa survie, pour l’acquisition d’un territoire ou pour se reproduire.
Dans tous ces domaines, les comportements acquis sont très limités, donc l’animal évolue peu au cours de son existence et transmet peu de ses apprentissages à ses descendants. La mémoire de l’animal est restreinte à la connaissance des acquis de sa propre existence ou de sa génération. Elle ne se transmet pas entre les générations par des medias interposés.
L’être humain naît démuni face à la vie et il doit, pour évoluer vers son état d’adulte, enrichir en permanence ses acquis. Par des apprentissages en milieu parental et ensuite en milieu scolaire, par ses expériences personnelles, il acquiert une culture, c’est-à-dire un ensemble de références lui permettant de se situer dans l’ensemble de ceux qui ont bénéficié de la même éducation et qui vivent en respectant des valeurs communes. Une différence fondamentale par rapport à l’animal : l’homme peut accéder à des informations contenues dans une mémoire collective en utilisant des documents, des vestiges caractéristiques d’une époque ancienne ou des expériences qui lui permettent de remonter le temps, avec la seule limite des moyens techniques auxquels il a accès. C’est pour cela que dans les Pays africains qui ne disposent pas de l’écriture et de documents consultables à tout moment, seule la mémoire orale, labile, permet la transmission de l’histoire d’un peuple. Un vieux qui meurt est une bibliothèque qui brûle.
Ceux qui ont la chance de pouvoir bénéficier de supports médiatiques pour accéder à la connaissance, ont la possibilité de s’instruire de leur passé et le droit de partager une l’histoire qui le lie à ses contemporains. Tous les acquis s’inscrivent dans la mémoire de l’individu et dans une mémoire collective qui cimente les individus entre eux, pour former une Nation. La mémoire permet de maintenir un lien entre les générations et d’établir l’appartenance à un ensemble qui unit des individus entre eux. Quand on est capable de se souvenir, « on n’est plus jamais seul ».
La mémoire est cet outil exceptionnel qui permet d’enregistrer et de transmettre l’histoire inscrite dans la culture commune. Connaître et comprendre l’histoire peut permettre de comprendre le présent et de ne pas refaire les mêmes erreurs dans l’avenir. C’est pour cela que la mémoire devient un droit. Mais la connaissance du passé ne peut empêcher l’adaptation des valeurs en fonction de l’évolution de la société à laquelle on appartient.
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La Liberté, l’Égalité, la Fraternité, la Laïcité, sont des valeurs acquises au cours de notre histoire, souvent par le sang versé. Les symboles qui nous unissent comme le drapeau tricolore, l’hymne de la Marseillaise, le visage de Marianne, le bonnet phrygien et les monuments commémoratifs tels « La flamme de la Nation » sous l’arc de triomphe et le Panthéon à Paris et les milliers de monuments aux morts en province sont des marqueurs des évènements vécus par la nation et des individus qui ont participé à son histoire. Ce sont des éléments que chacun doit respecter parce qu’ils ont été instaurés par des anciens qui ont souvent donné leur vie pour les imposer.
N’oubliez jamais que vos aînés sont morts pour sauvegarder votre avenir, pour que vous puissiez vivre libres et en paix. Pour qu’ils ne soient pas morts pour rien, entretenez le souvenir de ceux qui ont donné leur vie, dans des actes de guerre. Il y en a, peut-être dans votre village, ou dans votre famille. Cherchez-les parmi les noms gravés sur les monuments aux morts ; ils ont mérité que leur souvenir ne soit pas oublié. Ceux de Valmy en 1762, ceux de Verdun en 1914, les résistants de 1940 (Gilbert Brutus, Louis Torcatis, Julien Panchot en Roussillon se sont dévoués pour nous transmettre notre patrimoine commun. Ce sacrifice librement consenti mérite toute notre reconnaissance et notre respect.
Ce que nous avons reçu en héritage, nous devons le transmettre à ceux qui viendront après nous. C’est le devoir de mémoire. La mémoire ne doit pas servir à un enfermement dans le passé, à un repli sur soi, mais à faire évoluer le présent pour l’adapter à l’évolution du monde moderne, en préservant la pérennité des valeurs et des symboles qui constituent les fondements de la société. Les guerres du passé méritent dans leurs causes, leurs mises en œuvre et leurs aboutissements une analyse critique mais elles sont une partie incontournable de notre histoire, de notre présent et de notre avenir.
Les guerres de 1914-1918 et celle de 1939-1945 ont permis de faire évoluer, par nécessité, l’accès des femmes à de nouveaux métiers en l’absence des hommes mobilisés ou leur statut dans la société en les faisant bénéficier de droits nouveaux (droit de vote en 1945 et émancipation progressive pour atteindre l’égalité des sexes. Les lois et les règlements institués par la voie démocratique des élections, organisent l’évolution sociale et la citoyenneté implique le devoir de les respecter.
L’oubli est une amputation de la mémoire qui, malheureusement, touche de nombreuses personnes au cours de leur vie (Alzheimer) ; il peut être utile dans une histoire personnelle (le pardon volontaire ou involontaire) mais nuit au maintien de la cohésion sociale qui se transmet à travers les générations.
Un homme sans mémoire, sans souvenirs, sans passé est un homme malheureux,
un peuple qui ignore son passé est un peuple en danger.
C’est pourquoi il existe, dans l’ensemble des droits et des devoirs qui régissent une société, un devoir de mémoire.
Enfin, quand la paix civile est menacée, quand des terroristes s’attaquent aux valeurs essentielles de la liberté et de la laïcité en tuant ou blessant des innocents, quand la nation est attaquée, il convient de se sentir solidaires pour lutter contre ce danger mortel pour notre société et pour notre nation.
Chacun, à son niveau, doit être en mesure d’assumer sa responsabilité de citoyen.