Louis IX (saint Louis) et Jaume Ier le Conquérant, en
signant le traité de Corbeil en 1258, croyaient avoir mis fin
à la rivalité des deux maisons de France et d’Aragon dans
le midi : la frontière était fixée aux Corbières, chacun
renonçant à ses prétentions, Louis IX sur le sud et Jaume
sur le nord, et les deux monarques avaient décidé de marier
leurs enfants...
Louis IX (saint Louis) et Jaume Ier le Conquérant, en
signant le traité de Corbeil en 1258, croyaient avoir mis fin à
la rivalité des deux maisons de France et d’Aragon dans le
midi : la frontière était fixée aux Corbières, chacun
renonçant à ses prétentions, Louis IX sur le sud et Jaume
sur le nord, et les deux monarques avaient décidé de marier
leurs enfants, Isabelle d’Aragon et Philippe de France.
Mais en 1283, Pierre III d’Aragon, fils aîné du Conquérant,
envahit le royaume de Sicile que la papauté avait donné à
Charles d’Anjou, frère de Louis IX. Le pape Martin IV
excommunie alors le roi d’Aragon, donne son royaume à
conquérir à Charles, fils cadet du roi de France Philippe III
le Hardi, et appelle toute l’Europe à se croiser contre Pierre.
Philippe le Hardi organise alors contre son beau-frère Pierre d’Aragon, la plus formidable expédition militaire jamais vue dans nos contrées. Le roi de Majorque Jaume II, frère de Pierre, s’allie au roi de France. Au mois de mai 1285, l’armée française déferle sur le Roussillon et se prépare à envahir la Catalogne ; cinq mois plus tard, à la fin du mois de septembre, les débris de cette armée ramènent à grand peine leur roi mourant jusqu’à Perpignan.
L’événement a passionné l’Europe entière, et tous les chroniqueurs de l’époque en ont rendu compte, qu’ils soient français comme Guillaume de Nangis ou Guillaume Guiart, catalans comme Bernat Desclot, Ramon Muntaner ou le moine de Ripoll qui rédige la Geste des comtes de Barcelone, et même italiens comme le Sicilien Bartolomeo de Neocastro et bien d’autres encore. Ce sont leurs textes, dont la plupart sont ici traduits pour la première fois en français, que ce livre rassemble en confrontant leurs points de vue souvent opposés.
L’iconographie, médiévale mais aussi moderne, permet de son côté de mesurer le retentissement dans l’Europe entière d’un événement essentiel de l’histoire catalane, dont il constitue l’un des épisodes les plus célébrés.